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Analyse,critique et interprétation des oeuvres littéraires.

L'étranger,un roman de symboles

Publié le 21 Juin 2013 par Fatima EL BOUANANI

L'étranger est un roman révolutionnant dans l'histoire littéraire française et mondiale par son silence frappant qui a mené Roland Barthe à fonder une théorie de l'écriture, nommée Le Degré zéro de l'écriture. C'est une écriture neutre qui «se place au milieu de ces cris et ces jugements, sans participer à aucun d'eux; elle est faite précisément de leur absence, mais cette absence est totale, elle n'implique aucun refuge aucun secret.»[1] Elle se veut blanche, innocente, amodale, indicative et libérée de toute sorte de servitude à un ordre du langage. Bref, c'est une écriture de journaliste. Camus est donc son précurseur puisqu'il a été le premier à l'inaugurer avec L'étranger, en utilisant un style de l'absence, «l'écriture se réduit alors à une sorte de mode négatif dans lequel les caractères sociaux ou mythiques d'un langage s'abolissent au profit d'un état neutre inerte de la forme; la pensée garde ainsi toute sa responsabilité, sans se recouvrir d'un engagement accessoire de la forme dans une histoire qui ne lui appartient pas.»[2]

En lisant le roman on sent un étonnement s'emparer de nous pour céder la place ensuite à une vive fureur contre l'insensibilité du protagoniste. Et tout en s'avançant dans notre lecture, on tombe proie à une énorme confusion due à l'épaisseur d'un message secret qui passe comme un mirage entre les lignes, tantôt claire tantôt insaisi, mais qui ne nous laisse guère indifférents car on en ressent tout le poids. Et un flux de question nous envahit: Camus se contente-t-il dans son roman de peindre une réalité mortellement ennuyeuse et un héros animalement insensible? Et ce silence, étranger à l'auteur de La Peste est-il arbitrairement utilisé? Ou pour symboliser outre que la passivité d'une existence? Quel est le vrai enjeu de Camus?

L'auteur est le porte-parole de l'humanité toute entière, ses maux, ses peines et ses soucis à elle sont les siens. Souvent, et quand il se trouve condamné à garder le silence face à une injustice quelconque, il fait recours aux symboles pour faire passer implicitement ce qu'il ne peut exprimer directement. On aurait donc deux histoires qui vont en parallèle, l'histoire explicite dégagée littéralement de l'œuvre et l'histoire sous-entendue qui règne lourdement sur le roman et qui lui donne sa richesse, son individualité et lui garantie le saisissement total du lecteur. C'est un répertoire de la vérité prévue par ces auteurs dotés de clairvoyance. On l'y garde en sureté guettant le temps convenable pour les mettre à jour ou attendant que l'on en décode les signes. Camus fait partie de ses auteurs, son silence n'est pas gratuit, il a une fonction symbolique comme le sont ses personnages, son histoire, et même son style. Ils sont tous au service de l'intention de l'auteur que l'on va déceler plus tard dans cette étude analytique.

On va étudier dans un premier lieu les symboles des personnages et la signification de chacun, pour étudier ensuite la symbolisation du crime commis par l'héros et celle du procès enfin.

 

 

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