Meursault s'est trouvé face à une condamnation, l'assassinat d'un homme. Dans la scène du procès, il y avait énormément des gens, des journalistes et des envoyés spéciaux même de Paris. Cela symbolise l'universalisme du procès de l'Occident, commettant des crimes contre l'humanité. L'Histoire s'en chargera.
On a fait entrer l'accusé dans la salle du tribunal et on l'a encore fait décliner son identité et malgré l'agacement, il a« pensé qu'au fond c'était assez naturel, parce qu'il serait trop grave de juger un homme pour un autre[1].» Ce serait vraiment grave de juger l'Occident à la place d'Israël, mais si cette dernière parvienne par sa malignité extrême à en abuser, cela au moins ferait débarrasser le monde d'une agressivité aveugle et idiote.
L'accusé a été condamné pour son insensibilité envers sa maman vivante et morte, vivante en la mettant dans un asile, et morte en l'enterrant avec une extrême froideur. C'était son premier crime qui a préparé les actes du deuxième, l'assassinat de l'Arabe. Pour le premier, il n'a eu rien à dire. Et pour le deuxième, il a voulu se défendre mais la cause qu'il a donnée, le soleil, a suscité les rires. Et malgré la bonne plaidoirie de l'avocat, pour laquelle il a reçu les félicitations de ses collègues, il a été condamné à mort. Il doit mourir parce qu'il n'avait « rien à faire avec une société dont [il] méconnaissait les règles[2].»
La sentence est donc prononcée. Maintenant que sa vie est en jeu, il cherche en vain une issue. Peut-on éviter la mort? Et quelle serait la solution? Une évasion? Et même en réussissant à s'évader, être abattu en pleine course par une balle est un luxe interdit. La machine de la guillotine pourrait-elle tomber en panne? Quel est le nombre de ceux qui ont échappé à la machine? Ah! La machine! Elle est posée à même le sol, contrairement à celle de la Révolution de 1789 où l'on doit monter un échafaud. Les héros ont droit à l'ascension en plein ciel, à l'élévation. Ils ont vécu en héros et doivent mourir en héros. Lui, il n'est que criminel, vivant et mourant dans la bassesse. Vraiment le déclin de l'Occident, exactement comme ses gloires, n'a rien de grandeur. Sa fin serait comme celle de Meursault, «on était tué discrètement, avec un peu de honte et beaucoup de précision[3].»
[1] Ibidem, p.87
[2] Ibidem, p.103
[3]Ibidem, p.112